BRM 400 d’Andrésy (78)


Par Pierre Trifol

##  Contexte

J’ai découvert les BRM l’an dernier en participant successivement aux 200 des Portes de Champagne et dans la foulée au 300 des Châteaux, tous deux organisés par l’Audax Club Parisien.

J’avais profité d’un bon état de forme début avril pour m’aligner sur le 300, 2 semaines après un trail de 7h. J’ai renoncé à m’aligner sur un 400 début mai, mon calendrier était déjà fait autour d’un nouveau trail à préparer. Je me suis promis d’en faire un en 2024 et de bien le planifier dans mon calendrier pour éviter toute collision avec un trail.

Le départ est prévu le samedi 4 mai 2024 à 14 h.

## Préparation

Fin novembre 2023 je terminais le marathon de la Rochelle blessé au tendon d’Achille. Décembre fut un mois de repos sans course à pied, j’ai démarré le renforcement et profité de rares opportunités pour placer des sorties longues à vélo de 70-80 km. Jusque début mars je réaliserai 5 sorties de ce type. En mars ce sera 3 sorties de 100-110km.

En février-mars j’ai repris la course à pied pour préparer un week-end trail de 80km, trail de l’Aber Wrac'h dans le Finistère. C’est l’une des courses que j’ai le mieux gérée tant sur le plan de l’allure que de l’alimentation, j’en étais très fier 😊

Mi-avril, j’ai profité de ma forme pour placer une sortie solo de 240km/12h pour rallier la Haute-Marne depuis Paris. Je n’ai pas connu de difficultés à part une épicerie fermée à mi-parcours, remplacée quelques km plus loin par un arrêt dans une Coop où j’ai pu me restaurer d’un bon morceau de pain complet et d’un fromage du coin 😊

## L’affûtage

Je suis revenu de Haute-Marne avec une gêne au niveau de la cheville ou du talon, toujours à droite. Impossible d’appuyer convenablement sur la pédale. Réminiscence de ma blessure ? Je me suis reposé autant que j’ai pu, j’ai fait le dos rond et j’ai pu prendre le départ sans pépin physique.

J’ai refait une sortie club de 70km à 2 semaines de l’événement. J’ai eu du mal à suivre le rythme à 22km/h du groupe du jour qui était particulièrement relevé à mon gout. J’ai opté pour un retour seul depuis les Molières, je n’ai pas voulu risquer une surchauffe.

## Logistique

Dès le début j’ai opté pour une stratégie 2 fois 200 km en planifiant une nuitée dans une chambre d’hôte à mi-parcours à Alençon. Ma chambre était réservée depuis début mars, j’étais tranquille.

Côté vélo, j’ai envoyé ma monture en révision le 16 avril et poursuivi le vélotaf avec le langma de ma compagne, notre VTC électrique ou un Vélib selon les jours.
Le diagnostic du vélociste était sans appel pour mes plateaux et ma cassette : il fallait les remplacer. Souci, à 3 jours du BRM Shimano n’avait pas encore livré et mon vélo n’était toujours pas révisé. Le jeudi je récupère mon vélo avec des patins, câbles et guidoline refaits à neuf. Plus le temps de le nettoyer, tant pis.
Fallait rester zen hein 😊

J-1 j’ai passé le vélo en config longue distance avec sacoche de selle, lampe puissante et rassemblé mes affaires. Cuissard court, manches courtes, veste imperméable, manchons, mitaines et gants de mi-saison, chaussettes de rechange, le traditionnel tour de cou et la nouvelle gapette 🧢

## Rallier le départ, déjà une aventure

On doit se retrouver au départ à 14h avec Philippe. A 1 1h je file à Bourg-la-Reine prendre la B. Il commence à pleuvoir…
Changement à Chatelet pour la A. Pas de bol, un incident est en cours. Un coup de 14 et je monte dans le transilien à Saint-Lazare 3’ avant le départ. C’est parfait, ca me permet d’arriver à Andrésy avec une heure d’avance.
Je profite du trajet pour avaler une salade riz thon maïs.

Arrivé au COSEC Jean Moulin je rencontre Armand et Vincent, les deux bénévoles du club d’Andrésy qui me remettent mon carton de pointage. Je prends la mesure de l’événement. Nous sommes 20 au départ, ambiance de folie 😊
Un accueil café comme on les connait sur les rallyes fera office de dessert, c’est cool.
Je me mets en tenue, laisse mon sac à dos en consigne et attends tranquillement l’arrivée de Philippe en discutant avec 2-3 cyclos. Philippe arrivera à 10’ du départ et ce sera la dernière fois que nous nous verrons sur ce BRM !

## Pan

A 14h pétantes Armand donne le départ dans une ambiance bon enfant. Direction Carrières-Sous-Poissy. On se retrouve sur une piste cyclable où un cyclo-fusée fera un bel écart manquant de peu d’interrompre sa randonnée dès le 1er km. C’est un rappel à l’ordre, faut rester concentré.

A Poissy on passe devant le Campus PSG, c’est précisément là cet endroit forcément que je croise des neuneus qui bouchent la piste cyclable. Passons.

Au km 20 je me fais rejoindre par un groupe de 6 cyclos que j’avais semé dans le trafic un peu plus tôt. Ils bombardent, mais j’essaie de les accrocher et ils m’invitent à rester avec eux. Je ferai finalement tout le samedi avec ce groupe 😊
Km40, on passe au niveau des étangs de Hollande à Saint-Léger, on raccroche une portion connue du célèbre Boulogne - Châteauneuf-en-Thymerais. C’est là-bas que ce se fera le 1er pointage.
Je me fais régulièrement distancer par le groupe, je suis clairement le maillon faible parmi ces gaillards de 40-50 voire 60 ans je pense pour le plus ancien. Ils sont 2 ou 3 à avoir connu un PBP. Un cyclo a participé ce printemps à 3 cyclosportives sur les classiques ardennaises ou flandriennes, ca donne une idée du niveau. A la faveur de pauses techniques je réussis toujours à refaire mon retard, ils finissent par me reprendre et ca permet de refaire un bout de chemin ensemble. J’avais pris la tête du groupe en milieu d’après-midi puis je me suis résolu à suivre simplement, profiter de l’aspiration et c’était bien accepté.
Km80, c’est seul que j’arrive à Tremblay-les-Villages, qq km avant le pointage. Une boulangerie me fait de l’œil, je sens le gros creux arrivé et j’en profite pour recharger mon bidon. Une part de quiche au menu et un sandwich pour plus tard, c’est reparti.

Km91, je me prends en photo devant le panneau qui marque l’entrée de Châteauneuf-en-Thymerais. Ca fera office de pointage, je repasse devant le groupe qui s’est arrêté à la boulangerie et ils me rejoindront peu de temps après.

A deux reprises nous devrons mettre pied à terre le samedi pour cause de route barrée aux voitures. Mais à vélo, ca passe. Eboulement d’un mur de pierre dans une rue en montée en centre-ville puis en raison d’une marnière.
https://www.ouest-france.fr/normandie/belforet-en-perche-61130/un-immense-trou-se-forme-pres-dune-route-dans-le-perche-la-circulation-y-est-interdite-5242302a-f724-11ee-99ce-03491e0281c3

J’ai souvenir de chemins plus campagnards sur ce début de soirée, ca change des routes à 90km/h qui ont été nombreuses dans l’après-midi. C’est le début du Perche et ca fait un bien fou 😊 Je suis en bonne voie pour rallier Alençon largement avant minuit. Pour éviter la fringale je m’alimente régulièrement, j’avais prévu 2 bananes comme d’autres cyclos du groupe.

Jusqu’au km150 j’ai souvenir d’un bel enchainement genre toboggan. Pour la 1ère fois de la journée je passe sur le petit plateau et mouline.
A l’approche de la nuit je ne change pas ma tenue, j’ai supporté la veste toute la journée. Bientôt Alençon et 1ère crevaison dans le groupe. Nous sommes 2 à continuer seuls, je fais plus ample connaissance avec Alex du Loir-et-Cher. Il me présente son club d’une quarantaine d’adhérents et leurs traditionnels séjours montagnards qui remportent un franc succès tous les ans. Ca fait passer les 15-20km jusqu’Alençon où je prendrai de nouveau un selfie à l’entrée de la ville. J’ai bien profité et tant mieux, bientôt je serai seul jusqu’à l’arrivée.

Km195, il est près de 22h30 et je m’arrête avec Alexandre pour un kebab bien mérité. Sympa de trouver ce resto qui nous offrira un joli coup de tampon sur notre carton, mon 1er de la journée.

A 23h je retrouve ma chambre d’hôte et un confort bienvenu, je recharge les différentes batteries, en profite pour me doucher. Je réussirai à dormir environ 2h.

## Jour 2

4 h, le réveil sonne. Café lyophilisé et c’est parti, à 4h30 je me remets en chemin. J’ai sorti les manchons, les gants, les chaussettes plus chaudes et toujours la veste. Je suis gâté, il n’a pas plu de la nuit et ma selle est sèche. En sortie d’Alençon avant d’attaquer la montée vers la croix Médavy il se met à bruiner, y’a comme une légère brume aussi. Je prendrai 300m d+ sur 15km, un sacré morceau pour démarrer. J’ai un split de 5km à 12km/h, je mouline comme je peux mais je sens bien que je n’ai plus la même énergie que la veille 😊

Arrivé à la Croix je fais une p’tite photo et préviens l’organisation de mon passage au contrôle « secret ». Les noctambules qui sont passés plus tôt ont eu droit à un bbq improvisé. Pour moi ce sera juste un saut de chaine et le droit de descendre seul dans la nuit, la pluie s’est arrêtée et je fais gaffe autant que possible à ne pas croiser la route d’un animal mort ou vivant sur ce chemin qui descend à travers la forêt. Sur ce BRM j’aurai croisé un nombre important d’animaux écrasés, dont beaucoup de hérissons, quelques blaireaux et marcassins et même un renardeau. Pas de soucis avec des chiens de ferme, j’ai surpris quelques lapins mais rien de plus sinon.

A 6h30 je fais un arrêt dans un village après m’être fait rattraper par le dernier de cette randonnée qui avait choisi comme moi de dormir en chambre d’hôte. Il s’était arrêté après la croix Médavy et semblait particulièrement inquiet à l’idée de rater la fenêtre du prochain point de passage situé à Breteuil-sur-Iton au km 290.
Je profite de cet arrêt pour avaler la moitié du p’tit dej que j’avais emporté avec moi. J’ai du attendre 2h avant d’avoir faim, je n’ai pas voulu me forcer à manger.

J’arriverai à 9h à Breteuil-sur-Iton pour un p’tit selfie à l’entrée que je m’auto-envoie sur Signal. Ca me permet d’enregistrer l’heure de passage. A l’arrivée je montrerai chacune de ces photos ainsi que les tampons glanés dans les commerces 😊

La boulangerie que je trouve à Breteuil est formidable. Déjà parce qu’ils vendent des mendiants très appétissants. Noix, miel, sésame, fruits secs, un cocktail pour reprendre des forces. Ensuite parce qu’elle me fait l’assistance ravito aux p’tits oignons en me demandant mes bidons, mon carton et pourquoi nous ne sommes pas plus nombreux cette année ! Année post PBP, seulement 20 participants au départ contre 80 l’an passé.

Je m’arrêterai pour finir mon p’tit dej peu avant le km140. Le soleil commence à taper, c’est agréable et je décide de retirer ma veste mais de garder les manchons. Je n’oublie pas la crème solaire. Ca commence à sentir bon, un peu d’euphorie, je me sens bien et n’ai pas eu de sensation de fatigue depuis ce matin. C’est top, je suis content de ma stratégie même si je me retrouve bon dernier, qu’importe.

Dans l’euphorie, je raterai le prochain changement de direction qui me coutera 2km de rab. J’arrive à la Roche Guyon en début d’après-midi. C’est le dernier point de passage. J’en ai profité pour apprécier les beautés du Vexin et les falaises blanches. Cette partie du parcours recoupe le tracé du 200km Villepreux-Les Andélys-Villepreux. La Roche Guyon est bondée, la fête des plantes et le soleil ont apporté leur lot de visiteurs. Pas de place en terrasse pour un verre ou une crêpe, je récupèrerai quand même un dernier coup de tampon dans une pizzéria. Je m’alimente avec une compote et je commence à sentir un début de difficulté à manger. Il est temps d’arriver au bout, j’ai peut-être trop mangé même si j’ai été plutôt raisonnable.

Il me reste une trentaine de km quand j’attaque l’une des 2 dernières difficultés. Je n’ai pas les pourcentages mais j’aurai 100m de d+ puis 150 sur la dernière près d’Hardricourt et Meulan. Un calvaire tant les voitures roulent vite et proches. Heureusement je garde mon calme et fais attention à bien rester à droite. En dehors de cet épisode, l’approche d’Andrésy est plus sympathique que la veille au départ où nous avions emprunté de nombreuses portions limitées à 90km/h.

La pluie fera son apparition à quelques km de l’arrivée. Je passerai devant un point de ravitaillement d’une rando cyclo qui semblait rassembler pas mal d’étrangers que j’ai pu croiser depuis la Roche Guyon. Les bénévoles me voyant arriver ont l’air de s’étonner que je ne m’y arrête pas 😊

En parlant de bénévole, je retrouve Armand et Vincent fidèles au poste à 15h15, à moins de 2h de la barrière horaire de 27h. Les traits sont tirés, leur nuit a été courte, peut-être plus que la mienne ! Je suis bien le dernier arrivé, sur 24 inscrits 20 se seront présentés au départ et 20 auront franchi la ligne d’arrivée. Jolie réussite. Brevet validé, médaille décernée que j’ajouterai à ma collection de 200 et 300. J’obtiens en récompense 2 mini pots de confiture locales.
Ils me préparent un bon sandwich, un verre de coca et c’est déjà l’heure de repartir.

## Retour à la maison

Je descends sous la pluie vers la gare RER de Conflans-Fin-d’Oise. J’ai pris le temps de me changer et ai donc laissé mon cuissard dans le sac. Pas la meilleure idée, ça picote sur le fessier qui mettre 3-4 jours à s’en remettre. La faute peut-être à un mauvais placement mais ca m’incite à investir dans un meilleur équipement pour la prochaine longue aventure.
Cette fois le changement à Châtelet se passe bien, je m’arrêterai à Laplace pour finir par 4km à vélo soit un supplément de 7km depuis Andrésy 😊

J’attendrai le mardi pour reprendre le vélotaf et le dimanche suivant je participe avec plaisir à une sortie club bien calme en vallée de Chevreuse. Ca fait du bien de rentrer à la maison.

 

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